Soins dentaires illégaux : vers une mobilisation nationale

L’Ordre National des Médecins Dentistes alerte sur la montée inquiétante des pratiques illégales de la médecine dentaire et appelle à une mobilisation collective pour protéger la santé des citoyens et préserver la réputation de notre pays.
L’Ordre National des Médecins Dentistes (ONMD) a exprimé, à travers des correspondances officielles, sa profonde inquiétude face à la prolifération des pratiques illégales de la médecine dentaire, exercées par des personnes dépourvues de toute formation académique ou reconnaissance légale. Ces individus opèrent dans des locaux ne respectant pas les normes minimales d’hygiène et de sécurité sanitaire, mettant ainsi directement en danger la santé des citoyens.
Cette situation alarmante survient dans un contexte où Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste, accorde une attention particulière au secteur de la santé. Cette attention royale s’est traduite par la généralisation de la couverture sanitaire, le respect accru des spécialités médicales, l’amélioration des infrastructures et la promotion d’une formation professionnelle adaptée visant à élever la qualité des soins et à élargir leur accès.
Dans ce cadre, l’ONMD a adressé plusieurs courriers aux walis et gouverneurs, les alertant sur les dangers de la persistance de ces pratiques anarchiques, en particulier dans des locaux connus sous le nom de « fabricants de prothèses dentaires » ou autres, où des citoyens sont reçus pour des traitements pseudo-médicaux réalisés dans une illégalité flagrante et au mépris des règles déontologiques de la profession.
L’Ordre souligne que ces pratiques ont causé des incidents dramatiques largement relayés par les médias nationaux et documentés par les juridictions à travers le pays : décès dus à l’utilisation de produits anesthésiants falsifiés ou périmés, surdosages administrés de manière aléatoire, cas d’handicaps permanents ou de maladies infectieuses contractées dans des conditions d’hygiène déplorables.
Dans l’exercice de sa mission, l’ONMD rappelle que l’exercice de la médecine dentaire au Maroc est encadré par une législation rigoureuse, notamment la loi n° 07.05 relative à l’ordre national des médecins dentistes, et l’article 184 de la loi 31.08 relative à la protection du consommateur, ainsi que la loi 84.12 sur les dispositifs médicaux. Ces textes exigent notamment un doctorat en médecine dentaire, l’inscription au tableau de l’Ordre et l’obtention des autorisations nécessaires, en particulier pour l’usage de matériel radiologique ou de produits anesthésiants, dont l’acquisition et l’utilisation sont strictement réservées aux praticiens dûment autorisés.
Malgré les efforts déployés par le Ministère de l’Intérieur, à travers des circulaires adressées à l’ensemble des walis et gouverneurs du Royaume, et malgré les missions d’inspection ayant révélé et consigné de graves irrégularités dans des procès-verbaux officiels, le phénomène continue de prendre de l’ampleur. Ces lieux illégaux prolifèrent en plein centre-ville et dans des quartiers fréquentés, attirant une clientèle qui ignore les dangers sanitaires et juridiques encourus.
Ce constat est d’autant plus préoccupant que le Maroc se prépare à accueillir de grandes manifestations touristiques et sportives internationales, attirant des milliers de visiteurs. Le Royaume ambitionne par ailleurs de se positionner comme une destination de choix dans le domaine des soins et de l’esthétique dentaire. Une vigilance renforcée est donc essentielle pour garantir les normes les plus strictes de sécurité sanitaire et préserver l’image d’un Maroc responsable, crédible et sûr.
Certaines ambassades étrangères ont d’ailleurs émis des alertes officielles à leurs ressortissants, les mettant en garde contre les risques liés à des soins reçus dans des établissements non agréés au Maroc, ce qui démontre l’ampleur de cette problématique et ses répercussions sur la santé publique, l’image du pays et ses ressources financières.
Dans le cadre de la réforme du système de santé et pour accompagner le chantier royal de la protection sociale, le gouvernement a porté à onze le nombre de facultés de médecine dentaire. Ce développement permettra au Royaume, dans un avenir proche, de disposer d’un nombre suffisant – voire excédentaire de médecins dentistes, capables d’offrir des soins de qualité, accessibles, sécurisés et respectueux de la déontologie et de la loi en vigueur.
Face à cette situation, l’Ordre National des Médecins Dentistes appelle à une action urgente et ferme des autorités locales pour fermer les locaux des illégaux non autorisés et sanctionner tout prothésiste dentaire dépassant le cadre de son autorisation, qui se limite à la fabrication de prothèses sur prescription du médecin dentiste, sans accueil de patients ni réalisation d’actes médicaux dans son laboratoire. Cette mobilisation est indispensable pour protéger la santé des citoyens conformément à la constitution , et préserver la dignité de la profession ainsi que la réputation du Royaume.